Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/125

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fanfares ! Ce n’est plus une existence !… ce n’est plus une existence !… (La fanfare entre du fond en sonnant un pas redoublé comme au premier acte et se range au fond.) Prends garde !… Si tu ne les mets pas à la porte, je quitte la maison !

La fanfare cesse de sonner.

Patrigeot, à madame Paginet. — Madame, les grandes nouvelles sont comme la foudre.

Paginet. — Oui ! eh bien ! Allez au diable avec votre foudre !

Patrigeot. — Qu’est-ce qu’il a ?

Paginet, à madame Paginet. — Tu veux me pousser à bout, n’est-ce pas ? Tu veux me pousser à bout ? (À la fanfare.) Allez !

Madame Paginet, à la fanfare. — Oui, messieurs, ne faites pas attention. Venez par là.

Patrigeot. — Mais, Madame !…

Madame Paginet. — Venez, il y a cinq cents francs pour vous.

La Fanfare. — Vive madame Paginet !

Madame Paginet sort à gauche suivie de la fanfare qui reprend son pas redoublé.

Scène XIII bis

Paginet, puis Livergin, puis Madame Livergin

Paginet. — Oh ! Non !… C’est trop ! c’est trop ! ces gens qui viennent me narguer jusque chez moi !… Et elle leur donne cinq cents francs ! et cinq cents francs à moi, mais c’est de la dilapidation !… Ah ! cette maison ! cette maison ! cette maison ! non ! non ! si cela doit durer longtemps comme ça ! j’aime mieux m’en aller ! (Appelant.) Joseph !

Joseph, entrant. — Monsieur !

Paginet. — Vous allez faire ma valise !

Joseph. — Monsieur part ?

Paginet. — Ah ! oui, je pars ! Ah ! oui, je pars ! et vous pouvez le dire à votre maîtresse ! j’en ai assez de la maison ! j’en ai assez !… allez !…

Joseph. — Bien, monsieur ! (Sortant à part.) Qu’est-ce qu’il a ?

Paginet. — Oh ! non ! non ! c’est trop ! c’est trop ! c’est trop !

Livergin, accourant du fond avec madame Livergin. — Ah ! mon ami ! si tu savais ce qui m’arrive !

Paginet. — Allons bon ! voilà l’autre ! Eh bien ! quoi ? qu’est-ce qu’il y a ?

Livergin. — Ah ! mon ami ! tu ne le croirais pas ! je le suis !

Paginet. — Eh bien ! tant pis pour toi ! tu n’avais qu’à surveiller ta femme !

Livergin. — Mais non ! je suis décoré !

Paginet. — Hein ! toi ! lui aussi !

Livergin. — Oui ! voilà une dépêche du ministère qui me l’annonce ! (Lisant.) "Nom était bien sur les listes. — Etes nommé." je suis nommé !

Paginet. — Eh bien ! je m’en fiche que tu sois nommé !… Tiens ! les décorés sont par là ! allez par là ! bonsoir !

Livergin. — Mais il est fou !

Madame Livergin, paraissant au fond. — Ah ! bonjour monsieur Paginet !