Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/140

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Chopinet. — Oh ! monsieur le Proviseur. Si vous voulez me respirer.

Il veut lui respirer dans le nez.

Le Proviseur. — Non !… (A part.) Evidemment ! ce garçon dit la vérité… ou alors, il ment comme un arracheur de dents. Dans les deux cas, ne poussons pas plus loin l’enquête ; ou c’est un grand innocent et ce serait lui faire injure, ou c’est un grand menteur et ce serait lui faire du tort en émoussant une arme qui n’est que trop utile dans la vie… (Haut.) Vous étiez en train e travailler votre examen, je vois.

Chopinet. — Oui, Monsieur le Proviseur.

Le Proviseur. — Pas trop ému ?

Chopinet. — Oh ! non, Monsieur le Proviseur.

Le Proviseur. — Parfait.

Chopinet. — Je me dis que le seul accident qui puisse m’arriver, c’est d’être reçu, alors !…

Le Proviseur. — Hein ?… Ah ! bien ! à la bonne heure ! Vous n’aurez pas de déception.

Chopinet. — Aucune, c’est-à-dire que si j’étais reçu… (Poussant un cri.) Ah !

Le Proviseur. — Qu’est-ce qu’il y a ?

Chopinet. — Rien, rien… (A part.) Nom d’un chien, ma pipe !

Il se tape sur la jambe.

Le Proviseur. — Mais qu’est-ce que vous avez avez à vous pincer la jambe ?

Chopinet, même jeu. — Rien, rien, j’ai une crampe !… Je reviens ! Je reviens !

Le Proviseur. — Mais attendez-donc, vous vous sauvez comme si vous aviez le feu au derrière.

Chopinet. — C’est tout comme ! C’est tout comme ! (il se sauve en se tapant sur la jambe comme pour éteindre le feu.) Oh ! nom d’un chien ! Oh ! nom d’un chien !

Le Proviseur. — Drôle de garçon ! Sympathique ! C’est ce que j’appellerai le cancre aimable. Je ne serais pas étonné s’il devenait quelqu’un plus tard.

Paraissent Arnold et Robin venant du fond droite.

Scène III

Le Proviseur, Arnold, Robin, enfant d’une dizaine d’années, en tenue d’Eton, pantalon gris et petite casquette des joueurs de cricket

Arnold, en livrée du matin, il se dirige vers l’escalier de droite, 1er plan. — Venez, Monsieur Robin.

(Prononcer Robinn.)

Le Proviseur. — Qu’est-ce que vous demandez, mon garçon ?

Arnold, déjà un pied sur la première marche. — Ah ! pardon ! (Tirant un papier de sa poche et lisant.) Monsieur, Monsieur le "Provisoir…".

Le Proviseur, sourit puis corrigeant. — "seur", "seur".

Arnold. — Quoi, "zeur" ?