Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/154

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Le Proviseur, les faisant taire. — Assez ! (A Chandel qui est descendu du poêle.) C’est comme je voudrais bien savoir aussi quelle est la personne qui s’est rapidement dissimulée dans la chaire à mon entrée !…

Chandel, essayant de lui barrer la chaire. — Mais il n’y a personne monsieur le proviseur, il n’y a personne.

Le Proviseur, écartant Chandel et allant regarder dans la chaire par-devant. — Oui-dà ! Eh bien ! c’est ce que nous allons voir ! Sortez, jeune homme !

Chandel, à part. — Pincée !

Irma, détalant par l’autre côté de la chaire en emportant sa robe, puis happant au passage Robin dont elle se fait comme un mur de protection. Oui, mon vieux, cours après si tu peux !

Le Proviseur. — Une femme ! (Il se précipite à sa suite, elle lui envoie Robin dans les jambes et se sauve en fermant la porte d’un double tour de clef extérieur. Le proviseur repousse Robin et vient se casser le nez à la porte.) Voulez-vous ouvrir, petite effrontée !

Irma. — La gomme ! trésor !

Elle lui envoie un baiser et pendant ce qui suit passe sa jupe.

Le Proviseur. — Quel scandale ! une femme ici ! C’est une indignité ! Vous serez, tous consignés ! Et vous, monsieur Chandel, qui vous faites le complice de ces débordements…

Robin, qui est au 2, près de Chandel, croyant que c’est à lui qu’on parle, se retournant : — What !

Le, Proviseur, l’écartant avec humeur. — Eh ! toi !

Chandel. — je vous assure, Monsieur…

Le Proviseur, répétant. — De ces débordements ! vous entendrez parler de moi. Je vais en référer immédiatement à Monsieur le Recteur ! C’est vous dire que vous pouvez vous considérer dès à présent comme ne faisant plus partie du lycée. (Se retournant et trouvant Robin dans ses jambes.) Eh ! à la fin !

Il l’envoie promener.

Chandel. — C’est bien, monsieur le Proviseur.

Irma. — Maintenant que l’autre m’a vue, je me fiche un peu de passer devant le concierge.

Elle va pour sortir par la droite et se croise avec le garçon qui se dirige vers la classe de gauche.

Le Garçon, à part. — Tiens ! le professeur de maintien ! (Haut.) Bonsoir, Madame.

Irma. — Bonsoir, mon garçon.

Elle sort de droite.

Le Proviseur, qui pendant ce qui précède est allé jusqu’à la porte, frappant sur la vitre. — Isidore ! Isidore ! Eh bien ! ouvrez, voyons !

Le Garçon. — Tiens ! C’est donc fermé ?

Le Proviseur. — Naturellement, c’est fermé.

Le Garçon, ouvrant. — Pourquoi.. naturellement ?

Le Proviseur, sur le pas de la porte. — Vous feriez mieux, au lieu d’échanger des salutations avec cette demoiselle !… D’où la connaissez-vous ?

Le Garçon. — C’est le professeur de maintien.