Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/165

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les affaires.

Eugène. — Nous n’avons pas à nous plaindre.

Sur ces entrefaites est entré l’agent en bourgeois qui cherche un instant des yeux, puis aperçoit l’Inspecteur.

L’Agent, allant à l’inspecteur. — Monsieur l’Inspecteur !

L’Inspecteur. — Ah !… Eh bien ?…

Il lui fait signe de s’asseoir.

L’Agent, avançant la chaise de la table 4 et s’asseyant. — Eh bien ! Monsieur l’Inspecteur, Sa Majesté le roi d’Orcanie est signalée au Café Américain où elle fait un potin avec une bande d’amis !… un royal potin !…

L’Inspecteur. — Parfait ! On a bien observé les instructions : filer à distance et discrètement, et n’intervenir sous aucun prétexte ?… Surtout pas d’histoires ! C’est qu’il ne faudrait pas nous créer des complications diplomatiques.

L’Agent. — Tout a été exécuté à la lettre, Monsieur l’Inspecteur, et on m’a dépêché pour vous prévenir.

L’Inspecteur, se levant. — On a bien fait !… J’y vais. Allons. (Appelant.) Garçon !

Constant. — Monsieur ?

L’Inspecteur, mettant de la monnaie sur la table. — C’est payé.

Constant. — Bien, Monsieur.

Motchepoff. — Garçon ! l’addition, voyons.

Prosper. — Eh ! bien, voyons ! l’addition du 1 !

Un Garçon. — L’addition du 1 ?… Voilà !

Chauvel, débouchant de la loggia et parlant à la cantonade, habit et melon. — Oui, c’est entendu, si t’es pas content, t’iras te plaindre à ma sœur !

Tous. — Ah ! Chauvel !

Constant, qui a desservi la table de l’Inspecteur, se dirigeant vers le bar et se croisant avec Chauvel. — Pardon, Monsieur Chauvel.

Chauvel, au garçon. — Baptiste, t’es beau !

Il l’a pris par le cou et veut l’embrasser. On rit.

Le Garçon, se défendant. — Allons, Monsieur Chauvel, allons !

Chauvel. — Quoi, tu fais ta Sophie… Va donc, eh ! pointu !

Rires.

Eugène. — Allons, voilà Chauvel qui a sa bombe !

Chauvel, à l’assistance. — Bonjour, les enfants.

Tous. — Bonjour, Chauvel.

Chauvel, à Eugène. — Bonjour, Eugène, mon frère… (Prenant le verre qui est devant Eugène.) T’es chic, toi !… (Il boit.) Présente-moi ton ami que je ne connais pas.

Chaflard se lève et porte la main à son chapeau.

Eugène. — Monsieur Chaflard.

Chauvel. — Bonjour, Chaflard, t’as une sale gueule !

Chaflard. — Hein ?

Chauvel. — Mais ça ne fait rien, on a la gueule qu’on peut.

Chaflard. — Mais pardon, mo