Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

modi. (Lui envoyant une bonne tape sur le dos avec un gros rire.) Ah ! la boyani Pitchenieff !

Ils sortent avec de gros rires joyeux. Pendant ce qui précède et pendant ce qui suit, les consommateurs qui étaient partis pour voir la dispute, reviennent en riant, mais pas en bloc, tantôt deux, tantôt trois, comme dans la réalité.

Chandel, qui s’est affalé à la place laissée vacante par Eglantine. — Quel métier ! Mon Dieu ! Quel métier !

Marjolet, à Clorinde qui revient. — Eh ! bien, cette dispute ?

Clorinde. — Ca s’arrange.

Marjolet. — Ah ?

Chandel. — Boire, encore boire, j’en ai déjà jusque-là !…

Clorinde, à Marjolet. — Ils ont échangé des cartes et on est en train de constituer des témoins.

Marjolet. — Ah ! ça va bien.

Chandel. — Garçon ! un lait chaud.

Les tziganes attaquent une valse.

Scène III

Les Mêmes, Arnold, Le Maître d’hôtel

Arnold, habit et gardénia, le melon en cascadeur sur la tête, gros cigare dans la bouche, très ohé ohé. — Maître d’hôtel ! Une table et des femmes !

Chandel. — Ah ! Bastien !…

Arnold, tombant de son haut. — Ah ! Chandel ! c’est pas possible ! En voilà un endroit pour un maître d’études ! Je te croyais bouclé ! Qu’est-ce que tu fais là ?…

Chandel, triste. — On me fait faire la noce. Oh ! mon ami, dire qu’il y a des gens qui n’y sont pas forcés, qui font ça par plaisir.

Arnold, enthousiaste. — Ah ! tu ne sais pas ce qui est bon ?

Chandel. — Au fait, dis donc, et les courses ? Nous avons gagné ?

Arnold, triomphant. — Tu parles ! tiens ! voilà ton bénéfice… (Il tire une liasse de billets de banque, qu’il fait tomber de haut sur la table.) Douze cents balles.

Chandel, n’en croyant pas ses yeux. — Douze cents francs ! Mais… mais j’ai jamais eu ça !…

Arnold. — Tu parles…, en travaillant !

Chandel, très ému, lui serrant les mains avec effusion. — Ah ! mon vieil ami !… Eh bien ! tu sais… tu sais, quand tu auras encore un coup comme ça !… eh ! bien, tu peux compter sur moi.

Arnold, riant avec une révérence. T’es bien bon ! (S’asseyant sur le coin de la table.) Et maintenant, comme je te l’ai dit, c’est la noce !… ohé ohé. A moi les femmes de joie ! On devient homme du monde ! on va se soûler !…

Chandel, riant. — Oh ! bien, s’il n’y a que ça. Je sens que je le suis déjà à moitié….homme du monde !… Mais dis donc, à propos d’homme du monde, et la femme du monde que tu devais lever, comme tu dis !…

Arnold. — Ah ! mon ami, j’ai cru un moment que ça y était !… Tout à