Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/178

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Les Consommateurs, leur faisant ovation. — Ah !… Vive les potaches !

Chauvel, qui s’est retourné au bruit, allant à leur rencontre au milieu de la scène. — Arrive ici ! et embrasse-moi.

Serge. — Marche !

Chauvel embrasse Serge.

Les Consommateurs, leur faisant ovation. — Ah !

Presque tous ont quitté leurs places et forment une baie entre les principaux personnages et la 1re rangée de tables qu’ils dissimulent, ce qui permet aux garçons de les enlever sans que le public y prête attention. Il ne reste seulement de la 1re rangée que la table de Chaflard et la dernière du rang (n° 5) que l’on retourne, profil au public.

Serge, se trouvant face à face avec la Duchesse qui s’est rapprochée, suivie d’Arnold, pour voir ce qui se passe. — Nom d’un chien, la jolie fille !

La Duchesse, à part. — Mon Dieu, mais c’est le roi.

Chauvel, qui est entre eux deux. — Elle te plaît ? Je te la donne.

Serge, pendant que l’assistance rit. — Je veux bien !

Arnold - protestant en riant. — Eh bien ! dites donc !

Chauvel. — Quoi ? Tu mangeras pas tout ! (Présentant.) Ma sœur de la main gauche ! Mon petit frère ! (On rit. Serge salue la Duchesse qui rend le salut, visiblement très troublée.) N’êtes pas du même lit, mais facile à réparer, pan ! pan ! Allez vous coucher.

Il les cogne l’un contre l’autre en les renvoyant à sa gauche.

Arnold. — Mais qu’est-ce que je fais là, moi alors ?

Chauvel. — Toi, tu éclaireras. (Rires.) Tiens, gosse, passe-moi ta tunique, tu vas voir comme je suis bien en uniforme !

Serge. — Ca colle.

Il va à Chauvel qui lui prend son képi et le met. Tous deux enlèvent, Serge sa tunique, Chauvel son habit.

La Duchesse, qui a gagné l’avant-scène droite, à part. — Mon Dieu, quand il me verra demain à l’ambassade ! Oh ! je n’ai qu’une façon de lui donner le change, c’est d’être aussi délurée ce soir que je lui collerai de tenue demain.

Les Consommateurs, pendant que quelques-uns aident Chauvel à enfiler sa tunique. — Oh ! hisse ! Oh ! hisse ! Oh ! hisse !

Chauvel. — Là ! J’ai douze ans !…

Il se fait tout petit et tourne sur lui-même un doigt dans son nez.

Arnold, lui prenant son mouchoir qui sort de son gilet, fait semblant de le moucher, puis. Dis donc, moutard, présente-nous, au moins.

Chauvel. — Comment donc ! (Présentant.) Le comte Arnold ! (A Serge.) Et toi ?

Serge, hésitant. — Euh !… (Vivement, un doigt sur sa bouche, faisant signe à ses camarades d’avoir à ne pas le trahir, puis avec aplomb.) Antoine !

Chauvel, présentant. — Mon petit frère Antoine ! (Ils se saluent, indiquant Chopinet.) Son compagnon !