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Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/231

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Stanislas, prenant les vêtements sur le canapé. — Tenez, Arnold, vous allez…

La Duchesse et Arnold, se reconnaissant. Ah !

Stanislas, se retournant. — Quoi ?

La Duchesse, à part. — Constantin !…

Arnold, à part. — La Duchesse des Folies-Bergère !

Stanislas, les regardant tous deux. — Qu’est-ce qu’il y a ?

La Duchesse, indiquant Arnold. — Mais c’est ton frère !

Arnold, entre ses dents. — Boum !

Stanislas. — Allons, bon ! toi aussi ?… C’est une manie, alors !… C’est mon valet de chambre.

La Duchesse. — Hein ! lui ?

Arnold, ne sachant que dire, baisse la tête.

Stanislas. — Mais dame !

La Duchesse. — Un valet de chambre ! Et c’est avec lui que…

Stanislas. — Que quoi ?

La Duchesse, se reprenant. — Rien ! rien !…

Arnold, confus. — Je vais expliquer à Madame…

La Duchesse, vivement et avec dignité. — Quoi ? quoi ? Je ne vous comprends pas ! Vous n’avez rien à expliquer.

Arnold. — Ah ! bon. (A part.) Vraiment, je suis dans une situation fausse.

Stanislas, à part, les regardant. — Ah, çà ! qu’est-ce que ça veut dire ? (A Arnold.) Tenez, emportez les vêtements par là.

Arnold. — Oui, Monsieur. (il prend les vêtements et le chapeau et en sortant.) Si j’avais su !… (Fermant la porte.) Tout ça pour un raté !…

La Duchesse, passant, à elle-même. — Oh ! non, non !… un valet de chambre !… Le comte Arnold !…

Stanislas. — Eh ! bien, qu’est-ce que tu as ?

La Duchesse. — Rien, rien. (A part.) Enfin, heureusement un roi tout à l’heure ! Ca fera une moyenne.

Elle s’assied à la coiffeuse. On sonne.

Stanislas. — On a sonné !… Ce doit être Sa Majesté ! Vite, toi, sous les armes !… Tous les charmes en avant ! Moi, je vais recevoir.

Il sort, referme la porte et le tambour, et pendant ce qui suit, la Duchesse s’arrange devant la glace.

Scène III

La Duchesse, dans la pièce de gauche ; Stanislas, Arnold, Le Duc

Arnold, annonçant. — Son Excellence !

Stanislas, s’élançant à sa rencontre. — Excellence !

Le Duc - Ah ! vous êtes donc là, Slovitchine ?… C’est très bien.

Stanislas. — Oui, Excellence ; tout est prêt et Sa Majesté peut venir. Si vous voulez vous rendre compte par vous-même.

Le Duc. — Inutile ! Je me rapporte à vous ! D’ailleurs, je suis déjà venu visiter ce matin. Vous pensez, ayant la responsabilité de Sa Majesté, il était de la plus élémentaire prudence !…