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Ensemble.

L’amour, l’amour, voilà l’amour qui passe.
etc. etc. etc.

Musique à l’orchestre.

Follentin (dans les bras de la Reine). — Chut !… un trémolo !… qui cela peut-il être ?

Margot. — Un trémolo ! C’est quelqu’un qui vient !

Le Page Othon (accourant du fond). — Madame ! Madame !

Margot. — Qui est-ce, mon petit page aimé ?

Othon. — Sa Majesté le Roi de Navarre qui se dirige de ce côté ! Et comme je savais que vous n’étiez pas seule !…

Margot. — Le roi de Navarre ? Ici !

Othon. — Oui, ma Reine !

(Il sort).

Follentin. — Henri IV ! Mais c’est votre mari !

Margot. — Oui, depuis ce matin ! C’est ce soir notre première nuit de noces.

Follentin (à part). — Non !… Eh bien ! elle va bien, la reine, pour une jeune mariée !

Margot. — Vite ! Cachez-vous !

Follentin. — Mais où ça ? Où ça ?

Margot (indiquant la droite). — Là, dans ce cabinet !

Follentin (cherchant à ouvrir la porte). — Mais c’est fermé !

Margot. — Tenez !… la clef, là !… par terre !…

Follentin. — Oui ! Oui ! (Sa main tremble, Il ne peut mettre la clef dans la serrure). Je ne trouve pas le trou.

Margot. — Ne tremblez donc pas comme ça !

Follentin. — Si vous croyez que je le fais exprès ! allez donc trouver un trou de serrure quand on sent Henri IV à ses trousses !

Margot, indiquant le lit. — Ah ! trop tard !.. Tenez !.. là !

Follentin. — Comment, là ?… Mais votre nuit de noces… !

Margot. — Ne vous en occupez pas et ne bougez pas !

Elle le pousse contre le lit sur la partie face au public et le recouvre du rideau qui est un peu court et laisse voir les pieds de Follentin.

Scène VI

MARGOT, LE PAGE OTHON, HENRI DE NAVARRE, FOLLENTIN caché, DEUX PAGES
Deux pages entrent du fond, en portant des candélabres d’or avec des bougies de cire rose. Entrée du Roi de Navarre.

Margot, à Henri qui entre du fond. — Vous, Sire !

Henri. — Ventre saint-gris ! Madame, ma présence m’a tout l’air de vous surprendre ? Ne m’attendiez-vous donc pas ?