Margot. — La reine-mère, et le Roi ! Mon Dieu
Follentin. — Quel nouveau danger nous menace !
Margot. — Que diront-ils s’ils ne voient pas le roi de Navarre chez sa femme la nuit de ses noces ?… Si, à sa place ; ils trouvent un étranger.
Follentin. — Aïe ! aïe ! aïe ! aïe ! aïe ! aïe !
Margot. — Quelle idée !… Vous, allez sauver le roi de Navarre
Follentin, effrayé. — Moi ? Il va falloir se battre ?
Margot. — Non !
Follentin. — Alors, je veux bien !
Margot. — Entrez dans mon lit.
Follentin. — Moi ?
Margot. — Collez-vous la tête contre le mur ! et quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, ne bougez pas et dormez !..
Follentin. — Mais j’ai mes bottines !
Margot. — Oh ! nous avons bien le temps de nous occuper de ces bagatelles. Allez !
Follentin. — Ah !… bon !
Margot. — Poussez-vous, faites-moi une petite place !
Follentin. — Ah ! alors, vous aussi ?
Margot. — Mais oui, mais oui ! puisque vous êtes le Roi de Navarre !
Follentin. — Eh bien ! on m’aurait dit ce matin que je coucherais avec la Reine Margot !…
Margot. — C’est bon !
Catherine. — Pas de bruit ! Venez, mon fils ! (aux gentilshommes.) Vous, Messieurs, gardez cette porte !
Charles IX. — Qu’est-ce encore, ma mère ? Quelle trame nouvelle contre ce pauvre Henriot ? Je vous ai déjà dit que je ne pouvais oublier que par son mariage avec une fille de France, il est devenu mon beau-frère.
Catherine. — Oui ! mais s’il ne l’était pas !
Charles IX. — Vous dites ?
Catherine. — Si je vous donnais la preuve que ce roitelet, la nuit même de ses noces, a déserté la couche nuptiale ?
Charles IX. — Mordi, Madame !… si cela était !
Catherine, l’entraînant vers le lit. — Venez donc, mon fils !
Margot, sautant à bas du lit. — Qui est là ?… Vous, Madame ! Vous, mon frère !
Catherine. — Margot, mon enfant ! ma fille ! Nous venons d’apprendre l’affront qui vient d’être fait en ta personne à la famille de France !
Margot. — De quel affront parlez-vous, ma mère ?
Charles IX. — Ah ! mordi ! Si la chose est vraie !… (Il frappe du poing sur un meuble).