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Margot. — Maintenant, vous pouvez partir. D’ailleurs, il le faut, chaque minute augmente le danger !

Follentin. — Mais, dites donc, maintenant, je suis signalé. Et si l’on me voit sous ce costume !…

Margot. — C’est juste !… Attendez !

Elle frappe sur un timbre.

Follentin. — Que faites-vous ?

Margot. — J’ai mon idée.


Scène XII

Les Mêmes, OTHON

Othon (paraissant). — Majesté !

Margot. — C’est messire Follentin qui voudrait quitter notre palais du Louvre sans être reconnu. Or sous son costume, ce n’est pas possible. Vite ! mon fidèle Othon ! J’en appelle à votre dévouement ! Déshabillez-vous et changez de costume avec lui.

Othon. — Hein ?

Follentin. — Comment ! Je vais me mettre en page ?

Margot. — Nous n’avons pas le choix des moyens ! Allez ! Allez ! Je ne regarde pas !

Elle remonte et regarde à la fenêtre.

Othon. — J’obéis, Majesté !

Follentin. — Bon !

Les deux hommes commencent à se déshabiller.

Follentin. — Non ! La tête de ma femme quand elle me verra demain en Charles IX.

Othon. — Voici mon pourpoint, messire !

Follentin. — Merci !… Je vous le ferai reporter demain par un commissionnaire. Voici ma redingote !

Othon. — Redin ?

Follentin. — Gote !

Othon. — Ah !

Follentin. — Et voilà… mon gilet.

Othon. — Voici mon haut-de-chausses.

Follentin. — Et moi… mon pantalon.

Il se trouve en caleçon-maillot beige, il enfile le haut-de-chausse, pendant que le page enfile le pantalon.

Margot (au fond, sans se retourner). — Eh bien cela avance ?

Follentin. — Ça va ! Ça va ! Là !… le pourpoint !

(Il le met).

Othon, passant la redingote. — La Redingote !… le gilet ! (Il le met par dessus la redingote, à Follentin, lui présentant son épée) et maintenant mon épée (Il l’attache à la ceinture de Follentin).