Aller au contenu

Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 9, 1948.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cartouche… (Il appuie sur un des rochers de droite qui s’ouvre et laisse voir une grotte meublée comme un salon très élégant. Meubles rares. Le tout très brillamment éclairé.)

Madame Cartouche est au clavecin en train d’accompagner Madame Mandrin qui chante. D’autres dames en grande toilette et quelques brigands en grand costume sont assis çà et là et écoutent. Les dames s’éventent comme dans une soirée. Au moment où Cartouche entre, tout le monde est en train d’applaudir.

Toutes les Dames. — Ah ! Monsieur Cartouche !

Cartouche. — Moi-même, Mesdames ! (Embrassant Madame Cartouche.) Bonsoir, ma chérie ! (Apercevant Madame Mandrin.) Ah ! Madame Mandrin ! Quelle charmante surprise ! Votre mari n’est pas venu ?

Madame Mandrin. — Non, il dîne ce soir chez le lieutenant de police. Il doit venir me chercher tout à l’heure

Cartouche. — Ah ! Je le verrai avec plaisir !

Madame Cartouche. — Mais comme tu viens tard, mon ami !

Cartouche. — Pardonne-moi, ma chère femme aimée, mais nous avons été retenus par une opération importante, et même je vous amène un invité.

Les Dames. — Ah ! vraiment !

Cartouche, à la porte de la grotte. — Introduisez le voyageur !… Vous l’excuserez, mesdames, d’être en costume de voyage, mais il ne s’attendait pas à passer la soirée ici.

Les Dames. — Comment donc !… Comment donc !…

Deux brigands apportent Follentin à bras.

Cartouche. — Entrez donc, mon cher hôte !

Toutes les dames lui présentent des fauteuils.

Madame Mandrin. — Mais si vous gardez ce foulard, vous attraperez froid en sortant.

Cartouche. — C’est juste ! Enlevez donc le foulard de Monsieur !

Les brigands enlèvent le mouchoir qui lui bande les yeux et la bouche.

Follentin. — Où suis-je ?

Cartouche. — Mais chez nous !… Vous êtes notre hôte, l’hôte de Cartouche.

Follentin. — Cartouche !

Cartouche, présentant sa femme. — Madame Cartouche, ma femme !

Follentin. — Madame !… Enchanté !… (À part.) Qu’est-ce qu’ils vont me faire ?

Cartouche. — Je ne vous fais pas enlever ces cordes tout de suite, parce que ce serait imprudent d’enlever tout à la fois. Vous pourriez vous enrhumer.

Follentin. — Vous êtes bien aimable !

Cartouche, à Madame Mandrin. — Mais, chère Madame, vous étiez en train de chanter quand nous sommes entrés. J’espère que ce n’est qu’un plaisir interrompu et que nous aurons la bonne fortune…