Louis XV. — Oui, Mesdames ! C’est la surprise que je vous ménage pour cette fête. Notre délicieux musicien…
Toutes. — Oh !
Louis XV. — … va nous donner la primeur de son nouvel opéra : Castor et Pollux !
Jeanne, qui fume toujours son cigare. — De la musique ! On va faire de la musique.
Follentin. — Eh ! oui ! de la musique ancienne !
Les Dames. — Mais non ! Mais non !
Madame de Châteauroux. — Moderne, Chevalier !
Follentin. — C’est juste ! Eh bien ! petite, ce cigare ?
Jeanne. — Ça va, Monsieur, ça va !
Follentin, à Louis XV. — Elle était faite pour être sapeur ! (Remarquant le Roi qui ne lui répond pas et semble en proie à un grand malaise.) Qu’est-ce que vous avez, Sire ?
Louis XV. — Rien !
Jeanne. — Votre Majesté est toute pâle.
Madame de Châteauroux. — Votre Majesté est malade ?
Les Dames. — Le Roi est malade ! Le Roi est malade !
Louis XV. — Je ne sais pas, c’est comme une sueur qui me monte à la tête, des vertiges !…
Follentin. — C’est le cigare, Sire, quand on n’en a pas l’habitude.
Louis XV. — Mais ce ne sera rien ! ça va passer…, le grand air aidant. (À Follentin.) Mon Dieu, peut-on fumer des cochonneries pareilles !
Les Dames. — Mon Dieu ! Mon Dieu !
Louis XV, qui a lutté contre son indisposition, brusquement. — Oh ! là, là, là ! Oh ! là, là, là ! Je reviens ! Je reviens ! (Aux courtisans qui s’élancent à sa suite.) Non, non, que personne ne me suive ! Je ne veux pas qu’on me suive. (Il disparaît précipitamment.)
Scène IV
Tous.
Mon Dieu, la fâcheuse aventure !
Le Roi qui ne se sent pas bien.
Follentin.
Ne craignez rien, ne craignez rien !
C’est sans danger, je vous assure,
Ça rend malade comme un chien,
Mais ce n’est pas un mal qui dure.
Tous.
Il a bien mal au cœur,
Notre pauvre monarque,
Chacun de nous remarque