Confisquer l’argent,
Et v’la sa trouvaille,
L’impôt, l’impôt sur le revenu — u
Depuis qu’ils l’ont eu,
C’t’impôt saugrenu,
L’impôt, l’impôt sur le revenu — u.
Pour mieux nous atteindre,
On créa tout vif,
Sommes-nous à plaindre,
L’impôt progressif.
Plus on a de rente,
Plus on s’voit grever,
Échelle ascendante,
Pour vous décaver.
Cet impôt farouche,
Fait ainsi que moi,
Je paie — ô la Loi !
Plus que je ne touche !
L’impôt, l’impôt sur le revenu u.
Etc., etc., etc.
Follentin. — Ô mon pauvre archi-millionnaire !
Le Marchand. — Vous pouvez le dire, Monsieur ! avec leur sale impôt progressif ! Passe encore pour les petites fortunes. Mais moi, j’ai deux millions de rente, Monsieur, savez-vous ce que ça me coûte : cent deux pour cent de mon revenu !
Follentin. — Cent deux pour cent !
Le Marchand. — Oui, Monsieur, et alors c’est pour gagner ces deux pour cent en plus qu’il faut que je trime.
Follentin. — Oh ! bien, deux pour cent !
La Collégienne. — Eh bien ! Vous n’avez pas l’ait d’y penser, ça fait 40 000 francs par an.
Le Marchand. — Si vous croyez que c’est facile en vendant des fleurs.
Follentin. — C’est vrai !… Oh ! mais, il faut lui acheter ses fleurs ! Vite, vos bouquets, vos bouquets !
La Collégienne. — C’est ça, vos bouquets !
Le Marchand, lui donnant ses fleurs. — Mon bon monsieur ! ma belle demoiselle ! Cela vous sera compté au ciel !
Follentin, voulant payer. — Attendez, attendez
La Collégienne. Du tout ! du tout, c’est moi !
Le Marchand. — Si vous avez besoin d’autres fleurs, j’ai mon éventaire à côté, au coin de la rue. Vous n’avez qu’à me demander.
Follentin. — C’est ça ! Vous vous appelez ?
Le Marchand. — Rotschild !
Follentin. — Pas possible !
Le Marchand. — Au revoir, Monsieur, et merci bien.