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Follentin. — Ah, çà ! de quelle fin du monde parlez-vous ?

L’Amphitryonne. — De la fin qui nous attend.

Follentin. — Hein !

L’Amphitryonne. — Nous allons connaître la plus subtile des sensations humaines.

Follentin. — Qui est ?

L’Amphitryonne. — Mon palais est miné, et quand sonnera le dernier coup de minuit, nous allons tous sauter.

Follentin, affolé. — Sauter ! Ah ! mais pas du tout ! En voilà une sale blague ! (Courant à la porte.) Ouvrez ! Ouvrez !

L’Amphitryonne. — Inutile ! Tout est fermé ! Et voici minuit qui sonne !

Follentin. — Minuit !

Les Chœurs, pendant que sonne minuit à coups espacés.

Voilà minuit ! minuit qui sonne !
C’est le grand saut dans l’inconnu,
Mes amis, courte et bonne,
Nous avons bien vécu !.

(Pendant le chœur, Follentin, affolé, s’épuise contre la porte en parvenant à intervalles à établir le dialogue suivant).

Follentin. — Oh ! mon Dieu ! mon Dieu !… et cette porte !… cette porte qui résiste !… au secours !… au secours !… mon Dieu !… cinq… six… sept ! et Gabriel !… Gabriel qui n’est pas là !… Plus que trois !… Ah ! sauvez-moi ! sauvez-moi !

Bienencourt, paraissant en Idole du vice. — Trop tard !

Le dernier coup de minuit sonne, violente détonation, tout le monde s’effondre.


CHANGEMENT