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PROLOGUE


Chez FOLLENTIN

Chambre d’un appartement modeste où se cotoyent des meubles disparates, les uns riches et de mauvais goût, les autres simples et sans prétention. À gauche 1er plan, une cheminée, avec une très belle pendule d’époque Louis XV. 2e plan, porte donnant sur la chambre de Madame Follentin et de Marthe. Au fond, à gauche, porte donnant sur une petite anti-chambre. À droite, également de face, porte donnant sur la cuisine. Entre les deux portes, lit formant alcôve. À droite, entre le 1er et le 2e plan, fenêtre ouvrant sur la rue. Au milieu de la scène, un peu à droite, une table servie à trois couverts.


Scène Première

Madame FOLLENTIN, MARTHE, BIENENCOURT
Au lever du rideau, Marthe est à la fenêtre de droite, appuyée contre la vitre, et guette. Bienencourt est assis sur une des chaises près de la table à manger.

Madame Follentin (venant de la cuisine avec un plat qu’elle pose sur la table. À Marthe). — Eh ! bien, tu n’aperçois pas ton père ?

Marthe. — Non, m’mam.

Madame Follentin. — C’est curieux !

Bienencourt. — Écoutez, chère Madame, je ne vais pas pouvoir attendre plus longtemps.

Marthe. — Ma foi ! je n’ai pas de conseil à vous donner, monsieur Bienencourt, mais vous savez, quand une fois papa est dehors !…

Madame Follentin. — Oh ! il rentrera. Surtout aujourd’hui que c’est ma fête. Oui. Et d’ailleurs, il a dit : « Je sors pour une heure. »

Marthe. — Oh ! une heure ! nous connaissons une dame… son mari était sorti, comme ça, pour cinq minutes et il est revenu au bout de quatre ans !

Madame Follentin. — Tu es gaie, toi !

Bienencourt. — Quatre ans !.. Ça me décide ! Je m’en vais, d’autant que, toutes réflexions faites, je préfère que ce soit vous qui abordiez la question.

Marthe. — Vous avez la frousse, Monsieur Bienencourt ?

Bienencourt. — Tiens ! S’il m’envoie promener !

Madame Follentin. — Allez, Monsieur Bienencourt, je ferai tout mon possible pour faire cesser cette brouille ridicule.