Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 9, 1948.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gabriel. — J’obéis, Monsieur. Vous m’avez dit : « Sortez ! ». Je suis sorti.

Follentin. — Est-ce que c’est à vous que je disais ça ? D’abord, qu’est-ce que vous faisiez dans mon bureau ?

Gabriel. — Mais…

Marthe. — C’est moi, papa… c’est moi qui l’ai fait passer dans ton bureau quand je t’ai entendu venir.

Follentin. — Dans mon bureau ! Et pourquoi ?

Marthe. — Pour que tu ne le voies pas.

Follentin. — Ah ! vraiment !… C’est réussi !…

Marthe. — Et C’était pour qu’il puisse s’enfuir par la porte qui donne sur l’antichambre.

Gabriel. — Malheureusement, elle était fermée extérieurement.

Follentin. — C’est trop fort ! Voilà les raisons que vous me donnez ! Je vous avais dit, Monsieur, que votre présence ici me déplaisait ; vous devez donc savoir ce qu’il vous reste à faire.

Marthe. — Oh ! mais papa ! je ne veux pas que tu lui parles comme ça.

Follentin. — Qu’est-ce que c’est ?

Madame Follentin. — Marthe, voyons, Marthe !

Gabriel. — C’est bien, Monsieur, je me retire. Mais avant de partir, je tiens à vous déclarer ceci : j’aime Mademoiselle Marthe. J’ai le bonheur d’en être aimé !

Marthe. — Oui !

Gabriel. — Je jure que nous serons l’un à l’autre, ou à personne.

Marthe. — Je le jure

Follentin. — Qu’est-ce que tu dis ? En voilà assez ! Sortez, Monsieur, sortez !

Il ouvre la porte de l’antichambre.

Gabriel (passant dans l’antichambre). — Au revoir, Monsieur !

Follentin. — Bonsoir ! (Il ferme la porte de l’antichambre sur lui. On entend le bruit de la porte du vestibule qui se ferme violemment.) Oh ! tu peux faire claquer ta porte ! Je te garantis que tu ne mettras plus les pieds ici, toi !

Il entre dans la chambre à coucher.

Scène VI

Madame FOLLENTIN, MARTHE, puis GABRIEL, EBRAHIM, FOLLENTIN
On voit la porte du fond s’ouvrir et la tête de Gabriel qui paraît.

Gabriel. — Il est entré dans sa chambre ?

Marthe. — Ah ! vous !

Madame Follentin. — Mais c’est de la folie !

Marthe. — Mais par où êtes-vous entré ?

Gabriel. — Par nulle part ! Je n’étais pas sorti ! J’ai fait simplement claquer la porte pour faire croire !

Marthe. — Mais allez-vous-en ! Papa est à côté, il peut venir.

Gabriel. — Oui, je m’en vais. Mais dans l’intérêt même de votre père, il faut que nous puissions nous revoir pour nous entendre, nous concerter.