Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/44

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deux jours… moi, calme habitant de la ville de Quimper, car j’habite Quimper, de père en fils, depuis cent ans… eh bien ! un beau jour, crac, on lâche tout. Voilà où l’ambition vous mène… Je viens épouser la grande citoyenne… la fameuse Marie, une ancienne balayeuse, qui est aujourd’hui à la tête d’un parti politique. Eh ! oui ! et c’est cette fille du peuple qui me mènera aux grandeurs hein ? A des grandeurs de bas étages ! Eh ! bien quoi ! c’est logique ! pour qu’une grandeur soit véritablement grande… il faut bien qu’elle parte de plus bas… car, sans ça, comment voulez-vous que ce soit une grandeur… ça reste toujours au même niveau ce qui m’ennuie, par exemple, c’est qu’il paraît qu’elle est furieusement laide…ah ! Bah ! la beauté est fragile…ça passe…la laideur ne passe pas… il faut préférer le solide ; aussi je n’ai pas hésité, et j’ai pris immédiatement le chemin de fer mais parfaitement ! le service y est même très mal fait… Figurez-vous qu’on nous crie : "Les voyageurs pour Paris…" alors tout le monde sort et les voilà tous qui se précipitent sur un seul et même train qui était là devant nous… Quant il y en avait un tas d’autres où personne n’allait ; qui ne faisaient rien dans tous les coins de la gare… moi qui ne suis pas bête… Je me dis : "Laissons tous ces moutons de Panurge s’écraser dans leurs compartiments… et nous ! voyageons seul…" et je me suis fourré dans un wagon, qui était très loin, de l’autre côté de la voie, pour être plus sûr d’être seul… Eh ! bien je ne suis parti que quatre heures après… et pour Bordeaux, c’est idiot ! sans compter qu’il est venu un tas de monde, et, que je n’ai même pas voyagé seul… aussi j’ai réclamé… J’ai demandé un administrateur, on m’a envoyé un médecin aliéniste ! je vous demande un peu ! Eh ! bien comment voulez-vous que ça aille en France, si le service est fait comme ça ?


Scène III

Farlane, Salmèque

Farlane. — Pas l’ombre de femme de chambre ! j’ai été comme ça jusqu’à la cuisine !… J’y ai trouvé un coiffeur qui m’a présenté une note en me disant : "C’est