Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/48

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Farlane - Bon et 53, 89 et 15, 108.

Salmèque. — Où ça 108 ? c’est fort !

Farlane. — Ah ! bon 704 et 15, 719 et 8, 727… 727 et 13, 730.

Salmèque. — Permettez ! 740 !

Farlane. — Attendez donc ? je ne peux pas tout compter à la fois… nous disons 730 et alors 740, 1480 et 6, 1486… Voilà ! moi je trouve 1486… les filous ! c’est 1486 et ils comptent 95 francs.

Salmèque. — Ah ! ça, comment se fait-il que j’ai trouvé 83 ?

Farlane. — Oh ! vous ne savez pas compter… vous vous serez trompé.

Salmèque. — Ou vous !

Farlane. — Oh ! moi ! moi ! mais non y suis… voilà c’est bien simple ! moi j’ai compté, de bas en haut… n’est-ce pas… et vous, vous, vous avez compté de haut en bas… voilà.

Salmèque. — C’est évident !

Farlane. — Eh bien ! alors ce coiffeur est un voleur… car de deux choses l’une : ou il a compté par en haut, et il a trouvé 83, ou il a compté par en bas et il a trouvé 1486. Or il nous donne 95 francs c’est un filou !

Salmèque. — Pourtant…

Farlane. — Enfin. quoi ! voilà la preuve !… il faut bien qu’il ait commencé par un des deux sens… à moins qu’il n’en ait trouvé un troisième ? mais ça, c’est comme s’il voulait faire, qu’un bâton ait trois bouts… Et puis d’ailleurs c’est bien simple… c’est à vous à trancher, reconnaissez-vous la dette oui ou non ?

Salmèque (à part.) - Aïe !…qu’est-ce que je vous disais… ça y est ! j’en étais sûr (haut) mais vous croyez que… alors ça ne suffit pas que…

Farlane. — Mais certainement non, ça ne suffit pas… Je ne suis pas avare, mais enfin vous comprenez que je ne tiens pas à jeter mon argent par la fenêtre comme ça… et ce que j’en ai fait, si je n’ai rien dit, c’est que les questions d’argent, cela me répugne et qu’après tout je voulais vous éviter une humiliation.

Salmèque. — Une humiliation… (à part) mais c’est elle qui devrait plutôt avoir honte !

Farlane. — Oui une humiliation… mais si vous ne reconnaissez pas la dette… moi je ne paye pas et je fais un scandale.