Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/52

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Salmèque. — Aussi j’ai pris le chemin de fer… un chemin de fer qui va à l’envers et vous envoie des médecins quand on demande des administrateurs… Et puis à Paris j’ai pris l’omnibus… à l’impériale… pour venir ici… c’est même très cher ! on m’avait dit : "Tu donneras 3 sous au conducteur quand il montera". Il est monté quatorze fois… à ce prix-là j’aurais pu prendre une voiture… Enfin, me voilà, et je viens vous dire : "Je vous aime ! "

Farlane. — Et je vous réponds : "Je vous aime ! " Ce qui me permet d’aller droit au fait… voulez-vous m’épouser ?

Salmèque. — Hein !… J’allais vous le dire.

Farlane. — Est-il possible ! (à part) Ah ! si j’avais su, je l’aurais laissé parler la première, pour avoir le beau rôle (haut) Ah ! Citoyeng !

Salmèque. — Citoyeng ! (ils se pressent les mains.)

Farlane (à part.) Elle est encore plus laide de face que de profil !

Salmèque (à part.) - Non plus on la voit de près, plus on voudrait être loin !

Farlane. — Et maintenant, causons… Donc la première question est tranchée : nous nous aimons, nous le savons,… n’en parlons plus !… Ce qu’il faut voir à présent, c’est le côté pratique… Or, entre nous, nous n’avons plus à faire de simagrées… vous savez aussi bien que moi que ce mariage est avant tout une chose d’intérêt.

Salmèque. — D’amour et d’intérêt, parfaitement

Farlane. — Bref, il est avéré, n’est-ce pas, que nous sommes chacun indispensables l’un à l’autre… vous avez lu les journaux, je ne puis rien sans vous, vous, rien sans moi… Epousons-nous donc et avec ce mariage : (chantant.)

A nous les plaisirs

Les jeunes maîtresses…

Salmèque. — C’est Faust !

Farlane. — Comment c’est faux, ?

Salmèque. — Je dis, c’est Faust ! c’est dans Faust ce que vous chantez.

Farlane.- Ah bon, je n’y étais pas… non, mais alors c’est entendu… nous sommes unis.

Salmèque. — Je crois bien que c’est entendu ! ah ! citoyeng !