Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/55

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Salmèque. — C’est monsieur Garnier qui a bâti l’Opéra.

Farlane. — Mais non !… "l’amour qui par la chair, accomplit toutes ses œuvres."

Salmèque. — Ah ! parfaitement ; il était du midi, monsieur votre père, qu’il parlait patois ?

Farlane. — Ce n’est pas du patois, c’est du latin… mon père était Grec.

Salmèque. — Tricheur ?

Farlane. — Mais non, Grec de Grèce (à part.) - Elle a par moment la compréhension difficile. (haut) Mais parlons donc un peu de nos projets d’avenir… que ferons-nous ?

Salmèque. — Mais il n’y aura rien de changé… sinon un mari de plus ! Vous ferez comme vous faisiez autrefois… vous écrirez des discours,…

Farlane. — Ah ! permettez, c’est vous !

Salmèque. — Oh ! moi je ne sais pas les faire !

Farlane. — Comment vous ne… (à part.) Eh ! bien, je m’en étais toujours douté que les discours n’étaient pas d’elle.

Salmèque. — Tandis que vous…

Farlane. — Oh ! permettez-moi, moi… c’est que, pour ça, il faut des capacités, du talent… il ne faut pas être bête !

Salmèque, (voulant faire l’aimable.) - Oh ! vous êtes la preuve du contraire !

Farlane. — Vous êtes trop aimable ! Mon Dieu… je verrai… oui… je… non mais, maintenant, autre chose… nous fondons un cercle.

Salmèque. Ne faites pas cela, on nous fermerait !

Farlane. — Mais non, un cercle politique, où se regrouperont tous nos partisans, un noyau composé des disciples de nos idées qui s’étendra chaque jour et nous mènera bientôt jusqu’au trône.

Salmèque. — Comment, au trône ? Nous, les libéraux !

Farlane. — Nous en ferons un trône républicain, voilà tout !

Salmèque. — Eh ! bien, et nos principes anarchiques"

Farlane. — Mais justement ! est-ce que les rois : ne sont pas les plus grands anarchistes puisqu’ils n’ont pas de pouvoir au-dessus d’eux ?

Salmèque. — C’est vrai ! et comme cela, tous les royalistes seront pour nous. Oui mais les républicains ?