Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/60

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Farlane. — Enfin voyons ! vous n’avez pas fini ? Qu’est-ce que vous me racontez là ? Puisque c’est vous…

Salmèque. — Moi qui quoi ?

Farlane. — Qui êtes la citoyenne Marie…

Salmèque. — Allons ! Bon ! en voilà d’une autre !…

Farlane. — Dame…

Salmèque. — Non mais, moquez-vous de moi par-dessus le marché !

Farlane. — Hein ! comment, alors quoi ? vous n’êtes pas… Mais alors, qui êtes-vous, Madame ?

Salmèque. — Je suis Monsieur Salmèque !

Farlane. — Hein ! un homme !

Salmèque. — Dame ! est-ce que j’ai l’air d’une femme ?…

Farlane. — Quelle impudence ! Et vous ne pouviez pas me le dire depuis le temps… vous me laissez vous raconter mes affaires… C’est de l’indiscrétion…

Salmèque. — C’est bien à vous à vous plaindre… Comment, voilà une heure que vous me parlez et que je ne vous connais pas !

Farlane. — C’est votre faute !… d’abord, de quel droit changez-vous de sexe comme cela… Vous savez que cela ne se fait pas sans une autorisation de la préfecture de police !… Non mais… où est-elle, la citoyenne, où est-elle ?

Salmèque - C’est vrai, au fait… C’est pourtant ici qu’elle demeure… tous les journaux d’hier donnaient son adresse.

Farlane. — Mais oui (prenant un journal sur la table.)Tenez, voici justement un journal… Ah ! mais il est d’aujourd’hui celui-là… Oh ! il doit, bien sûr, y avoir quelque chose… la question du jour… Ah ! (lisant) "Affaire Citoyenne Marie" (parlé.) Qu’est-ce que je vous disais !

Salmèque. — Voyons !

Farlane (lisant.) - "Et d’abord rectifions l’erreur commise hier par la plupart de nos confrères… Ce n’est pas 6 rue Bréda mais 6 cité Bréda que demeure la grande citoyenne" (parlé) Allons donc !

Salmèque. — Tout s’explique !

Farlane (lisant.) - "Enfin, nous sommes heureux d’annoncer les premiers à nos lecteurs que la grande citoyenne épouse dans quinze jours M. d’Eczéma, le