Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/78

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comment nous disposerons de nos journées : Le matin promenade à cheval…

Roger. — Ça fait maigrir !

Cora. — Mon médecin me les a ordonnées pour me faire engraisser.

Roger, riant. — Ah !

Cora. — Donc promenade à cheval le matin, à midi le déjeuner ; dans l’après-midi courses ou skating.

Roger. — Hein ! au skating… jamais de la vie par exemple ! Ma femme au skating avec des… Il ne manquerait plus que cela… Non, non, rayons cet exercice du programme !

Cora. — Oh ! c’est si hygiénique !

Roger. — Eh ! bien, vous patinerez dans le vestibule… il est assez grand et ce sera moins compromettant.

Cora. — Soit, passons… A six heures et demie le dîner, le soir, bal ou théâtre, la nuit…

Roger. — Tout beau ! la nuit, cela me regarde… Mettez un point d’interrogation !

Cora. — Voilà à peu près le programme ; maintenant, pendant nos moments perdus…

Roger. — Comment, "nos moments perdus" ?

Cora. — Eh ! Oui… par exemple lorsqu’il pleuvra et que nous ne pourrons pas faire notre promenade, nous ferons de l’escrime, de la musique, de la peinture, de la sculpture, que sais-je, moi… ou bien encore je continuerai mon roman… pendant que vous me corrigerez les fautes d’orthographe…

Roger. — Ah ! c’est moi qui…

Cora. — Oui !… Cela vous va-t-il ?

Roger. — Parfaitement.

Cora. — Ah ! et puis j’oubliais… de temps en temps nous jouerons la comédie… je déclame très bien, moi… Figurez-vous qu’autrefois je voulais me mettre dans le théâtre…

Roger. — Quoi… avec votre accent américain ?

Cora. — Et pourquoi pas ?… Il y a bien des grandes actrices qui se donnent cet accent et qui pourtant ne sont pas d’Amérique…

Joseph, entrant. — Le courrier de madame la Comtesse. (Il lui présente un plateau contenant des lettres.)

Cora. — Donnez… (Joseph sort. Cora se dispose à ouvrir les lettres.)

Roger, l’arrêtant. — Pardon… c’est moi maintenant