Page:Feydeau - Un coup de tête, monologue en vers, 1882.djvu/5

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Mais j'aurais pu me compromettre

En écrivant plus longuement.


« Enlevez-moi ! » Ça n’est pas grave ;

Ça se fait dans tous les romans :

On voit toujours un seigneur brave,

Beau, galant, bref, plein d’agréments,


Enlever la belle qu’il aime,

Quand… Ah ! ce cas est trop commun !

Quand, par un despotisme extrême,

On ne veut lui donner sa main.


Eh bien ! ce cas que je déplore,

Ce cas s’est présenté pour moi :

Ernest, un garçon qui m’adore,

Vient de recevoir son renvoi !


Oui, jusqu’à la saison prochaine.

Et sait-on pourquoi ? C’est navrant,

Cela redouble encor ma peine :

Maman me trouve trop enfant !


Trop enfant, moi ! Ça m’exaspère.

Enfin, j’ai mes dix-sept printemps ;

Mais, je ne sais pourquoi, ma mère

Dit à chacun que j’ai quinze ans !


Alors, j’ai l’air petite fille :

A quinze ans l’on ne compte pas.

Si quelqu’un me trouve gentille :

« Une enfant ! » lui dit-on tout bas.


Eh bien ! non, je veux une trêve

A ces propos humiliants.

C’est demain soir que l’on m’enlève :

Voilà ce que font les enfants !