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Page:Feydeau - Un coup de tête, monologue en vers, 1882.djvu/6

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Ah ! c'est que j'ai du caractère !

Nous partirons, tout ira bien ;

Je suis fille d'un militaire,

Et, morbleu ! Je n'ai peur de rien !


Oui, demain, quand dans le village

Tout le monde sommeillera,

Juste à minuit - selon l’usage -

Ernest au jardin m’attendra.


Il sera là, fidèle au poste,

M’attendant, rempli de tourments,

Avec une chaise de poste,

Comme on le fait dans les romans.


Nous irons bien loin de la sorte :

A Melun, Venise, Bayeux,

Neuilly, Pontoise, peu m’importe,

Puisque nous serons tous les deux.


Et puis, après cette aventure,

Quand nous daignerons revenir,

Il faudra bien, je me le figure,

Que l’on consente à nous unir.


Ah ! mais, ah ! mais, j’ai de la tête,

Moi, je suis l'enfant de papa !

L’on verra si je suis fillette,

Quand mon Ernest m’enlèvera !…


Mais au fait, j’oublie une chose :

Il n’a pas la clef du jardin !

Or, dans la nuit la porte est close…

Ah ! comment fera-t-il demain ?


Si cela dérangeait l'affaire…

Si cela faisait manquer tout…