Page:Feydeau - Un coup de tête, monologue en vers, 1882.djvu/8

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Il me semble qu’en moi tout change :

Je voyais rose et je vois noir ;

J’éprouve un sentiment étrange…

Enfin, que puis-je avoir ce soir ?


Oh ! mais maintenant, plus de fuite !

Adieu les beaux enlèvements !

Je n’en veux plus ! Ecrivons vite :

C’est bel et bon dans les romans.


(Elle s’assied devant sa table et reste rêveuse.)


Suis-je ingrate ! Eh ! qu’allais-je faire ?

Je partais de gaîté de cœur !

Et j’oubliais… Ah ! pauvre mère !

Je conçois d’ici sa douleur.

Elle m'aime, elle, et quand on aime,

On souffre pour ceux qu'on chérit.

Ah ! son chagrin serait extrême,

Si j'eusse fait ce que j'ai dit.


Oh ! mais va, je suis bien punie :

Toi qui m’aimes, je t’oubliais !

Maintenant, tu seras chérie,

Ah ! mille fois plus que jamais,


Et quand tu me verras si tendre,

Toujours pleine de dévouement,

Tu ne pourras rien y comprendre,

Et tu diras. « Qu’a donc l’enfant ? »


Mais tu l’ignoreras sans cesse,

Et cela me semblera bon,

Car je croirai par ma tendresse

Avoir obtenu mon pardon.