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xxv

Pleurs de l’Homme

à madame v. de r.

La larme de la femme est un flot de cristal
Qui coule sans efforts ainsi que la rosée
Dont l’onde, en perles d’or sous nos pas déposée,
Ravive la couleur de chaque végétal.

Mais la larme de l’homme est-elle analysée ?…
— C’est le suc résineux de l’arbre oriental,
Dont la source plus rare & plus avant creusée
Ne livre sa liqueur que sous l’acier brutal.

Le fer coupe l’écorce & va droit à la sève :
Le flot coule… & si l’arbre épuisé se relève
Il conserve à jamais sa blessure de roi.

— Ô toi, cruel objet qu’à chaque instant je nomme,
Toi qui sais tout le prix des pleurs que verse un homme,
Femme, songe qu’un jour j’ai pleuré, devant toi !