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xxvii

Insomnie


Sous mes rideaux d’enfant dès la brume tirés,
Les Elfes me berçaient de leur vague harmonie
Et mon front qu’effleurait l’aile d’un bon génie
Se peuplait d’oiseaux bleus & de songes dorés.

Tout change ! Sur mes traits par la veille altérés,
Les soucis maintenant font planer l’insomnie
Et mes yeux jusqu’au jour contemplent l’agonie
De ces esprits menteurs qui les ont enivrés.

Syrènes de l’amour, fantômes de la gloire
En vain je veux fixer votre essaim dérisoire,
Mon rêve qui vous suit se brise au moindre écueil.

Aussi, sentant mon cœur mort à toute espérance,
Je m’étends sur ma couche & je prends à l’avance
L’attitude qu’un jour j’aurai dans le cercueil.