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pour les familles régnantes, mais bien pour la nation. La liberté générale et celle de chaque individu en particulier est alors menacée ; personne ne peut vouloir vivre sans elle, à moins de se déclarer lui-même infâme. Chacun alors pour sa personne et sans avoir la faculté de se faire remplacer, doit donc combattre à la vie et à la mort.

Quel est le caractère de cette guerre ? La vie n’a de valeur qu’autant que l’on est libre : puisque la violence me prive de ma liberté, je ne puis vivre si je ne suis vainqueur. La mort est bien préférable à la privation de la liberté. Ma vie éternelle, celle qui est certaine, je m’en rends digne par la mort, je la compromets si je vis en esclave. Si je dois sacrifier la vie sans réserve, combien à plus forte raison dois-je sacrifier les biens ; à quoi puis-je donc employer les biens, si je ne puis vivre. Mais à cette condition je ne puis vivre !

L’individu ne doit point conclure de paix, ne doit pas même entrer en accomodements. Ce pourquoi l’on combat ne souffre point de partage ; la liberté est ou n’est pas. On ne peut songer à tomber ou à rester sous le pouvoir absolu ; la mort avant tout. Qui peut contraindre celui qui peut mourir ? On doit résister même dans le cas où le souverain temporel se soumet et conclut la paix.