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vinces de l’empire romain ; il l’a possédée constamment jusqu’à nos jours. Le grand événement par lequel il acquit la conscience de l’unité  ; c’est-à-dire d’être un peuple, c’est que les conquérans étaient un dans la conquête. C’est avec cette unité, et de cette unité même, qu’ils reçurent tout le reste : le christianisme, les lettres de l’alphabet, la langue même par la suite, la propriété et l’art d’en jouir, en un mot, la culture de l’individu résulta de l’unité du peuple, et l’unité du peuple ne résulta pas du tout de la personnalité. Je crois émettre ici une idée qui répand la lumière dans l’histoire entière. De là sont résultés 1o l’orgueil national, ou bien mieux la vanité nationale ; 2o la personnalité comme produit de la communauté, celle-ci étant elle-même le produit de la société. La société est supposée et résulte non de la pré-supposition de la personnalité et de la liberté, mais de la simple vie en commun ; non de la manière dont un individu peut être en soi, mais de la manière dont plusieurs peuvent être ensemble. La société n’y résulte pas des individus, mais les individus sont seulement dans la société ; elle est la chose principale, les individus ne sont là que pour la composer. L’individu n’y est rien par lui-même, il n’est quelque chose que par sa valeur sociale. De là l’ensemble des phénomènes du caractère