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parole jusqu’au dernier soupir ; la force de sa volonté en est un sûr garant. Sa manière de penser est élevée, parce qu’elle est hardie et qu’il méprise les jouissances, c’est pourquoi il séduit facilement des cœurs susceptibles d’enthousiasme, mais qui ne sont point émus par le sentiment de la justice. Tout absolument ne doit pas être sacrifié à son projet et à son entêtement ; il est lui-même trop grand pour lui être sacrifié, s’il devait se dévouer à la liberté du genre humain, et nous tous avec lui, alors je devrais, ainsi que tous ceux qui envisagent le monde comme moi, me précipiter après lui dans la flamme sacrée.

C’est dans cette lucidité et dans cette fermeté que consiste sa force. Dans la clarté : toute force non utilisée est à lui ; toute faiblesse du monde doit concourir à augmenter sa force. Comme le vautour qui plane sur les régions inférieures de l’air et cherche une proie, il plane sur l’Europe étourdie, épie toutes les fausses mesures, toutes les faiblesses, pour se précipiter dessus et les faire tourner à son avantage. Dans la fermeté et la ténacité : les autres souverains veulent bien aussi régner, mais ils veulent en outre beaucoup d’autres choses, et régner s’ils le peuvent sans en être privés ; ils ne veulent pas sacrifier leur vie, leur santé, leur trône ; ils veulent conserver l’hon-