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ÉPREUVES MATERNELLES

XI


Denise reprenait son aspect paisible, et si elle était agitée intérieurement, nul ne pouvait s’en apercevoir. Elle accomplissait son service avec une ponctualité élogieuse, et Mme Rougeard continuait à s’effrayer de cette perfection qui s’alliait à tant de politesse et de savoir-vivre.

Elle commençait à se persuader qu’elle avait exagéré en accordant à sa servante autant d’importance. Elle paraissait si peu compliquée.

Elle ne sortait plus du tout que pour les courses indispensables et Mme Rougeard en était assez étonnée sans le manifester. Elle ne lui posait plus de questions, suivant les conseils de son mari. Du moment que rien de grave ne survenait, il valait mieux laisser Marie en repos. De quel droit entrer dans la vie privée de cette femme qui essayait de satisfaire le ménage de son mieux ?

Alors que l’excellente dame s’apaisait à ce sujet, elle trouva dans la cuisine un papier plié en quatre. En femme d’ordre, elle le ramassa et comme il n’était ni sali, ni froissé, elle le déplia, croyant à une note égarée de fournisseur.

C’était le certificat délivré à Denise par Mme Pradon. Il y était écrit que Marie Podel était une domestique hors-ligne dont sa maîtresse n’avait eu qu’à se louer.

Mme Rougeard exultait. Enfin ! elle allait connaître quelqu’un qui saurait d’où venait cette mystérieuse Marie.

Elle alla droit dans le bureau où son mari lisait :

— Victoire ! Je sais où Marie était placée en dernier lieu !

— Ah ! elle commence à parler ?

— Que non… j’ai trouvé un certificat émanant d’une de ses patronnes.

— C’est très intéressant.

M. Rougeard prit connaissance du document et déclara :