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ÉPREUVES MATERNELLES

bizarre et je n’aurais pas été éloignée de me méfier. Mais j’ai eu tort. Rien n’a bougé dans la maison.

— C’est extraordinaire, prononça rêveusement Mme Rougeard, elle a l’air de fuir le monde, alors ?

— Je le suppose.

— Et vous ne l’avez plus revue ?

— Mais pardon ! elle est revenue le lendemain et m’a déclaré qu’elle ne resterait pas. Je l’ai priée, cherchant à lui faire dire pourquoi elle voulait s’en aller, mais je n’ai rien pu savoir… Avec fermeté elle a maintenu sa résolution.

— Tout ce que vous me dites me paraît curieux.

— Madame a-t-elle à se plaindre d’elle ?

— Pas du tout, si ce n’est que je constate des bizarreries. Ne vous a-t-elle jamais parlé de sa vie ? de sa situation ?

— Jamais.

— A-t-elle été mariée ? a-t-elle des enfants ?

— Je n’ai rien deviné… mais je ne crois pas qu’elle soit mère de famille, je l’aurais sûrement compris. Une femme qui a des enfants ne peut pas s’empêcher d’en parler, surtout celle-là qui me paraissait avoir du cœur.

Mme Rougeard s’enfonçait de plus en plus dans l’énigme. N’était-elle pas persuadée cependant que Marie Podel avait un enfant ?

Vincente demanda :

— Madame désire-t-elle voir Madame ?

— Je craindrais d’être importune.

— Pas du tout… Madame sera contente de parler de cette Marie si peu pareille aux autres.

Vincente laissa Mme Rougeard seule dans un petit salon où elle l’avait fait entrer. Elle revint bientôt précédée de sa maîtresse.

Après les salutations obligées, Mme Dutoit dit vivement :

— Vous venez aux renseignements au sujet de Marie Podel ? Vous le savez déjà par Vincente, nous ignorons tout de cette personne. Naturellement, on sent que ce n’est pas une âme banale, et sans aller aussi loin que Vincente, je conviens qu’elle a des manières excellentes.

— Que dit donc Vincente ?

— Elle prétend que c’est une dame et qu’elle lui en imposait.