— Je suis forcé de constater, poursuivit-il, que la docilité que je croyais trouver en vous, m’a singulièrement trompé. Il me vient un peu trop fréquemment que vous vous êtes plu à transgresser mes ordres et à vous montrer d’une hardiesse coupable à l’énoncé de mes idées.
Denise avait incliné la tête, se demandant quel but visait son mari. N’avait-elle pas suffisamment souffert déjà et ses jours allaient-ils devenir une succession de douleurs ?
Son mari reprit :
— Il est décevant, quand on épouse une jeune fille que l’on veut placer au faîte des honneurs, de constater que l’on s’est mépris et que la femme sur qui l’on comptait se moque de vos volontés.
Un silence plana.
Denise, énervée par ce préambule qui n’en finissait pas, murmura :
— Je vous en prie, éclairez-moi sur mes nouveaux torts. Ne me posez pas d’énigme.
Un regard fulgurant de Paul sembla signifier : je parlerai quand il me plaira et comme il me plaira !
Il prononça cependant :
— J’ai appris, ces jours derniers, que mes enfants étaient baptisés, malgré mes ordres formels.
Denise pâlit. Cependant son courage ne faiblit pas. Elle était soulagée, au contraire, de savoir que son mari était au courant de ce fait important. Elle répondit donc d’une voix ferme :
— Je suis très contente de vous savoir informé. Nos enfants ont, en effet, reçu le sacrement du baptême. Il m’eût été impossible de les en priver.
Ce calme, cette tranquillité, exaspérèrent Paul.
— Et vous osez me dire ces choses en face !
Devant cet éclat, Denise eut un geste instinctif de recul. Mais ce ne fut qu’un éclair. Elle était la mère qui défendait l’âme de ses enfants.
— Pourquoi n’avouerai-je pas d’avoir accompli tout mon devoir ?
— Vous ne l’avez pas accompli à mon égard ! rugit Domanet. Ce que je veux, vous entendez, c’est l’obéissance absolue.
— Je ne suis pas une esclave.
— Vous êtes un serpent qui redressez la tête pour mordre. Je vous ai crue douce et inoffensive et je