Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/81

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— Elle peut l’aimer ! prononça Roberte.

— Et les préjugés ? reprit Cécile.

Cependant je ne serais pas surprise que la jeune Armelle ne fût ébranlée. Mais où se sont-ils rencontrés ? Nous avons manœuvré à l’aveuglette.

— Nous avons forcé le destin, murmura Louise.

— À moins que nous en ayons été les rouages secrets, dit pensivement Cécile.

L’agitation d’Armelle était à son comble.

Elle avait éloigné de tout son pouvoir la pensée de cet inconnu, et maintenant, seule dans sa chambre, son souvenir la persécutait.

Elle s’attendait si peu à le revoir.

Tout en se débarrassant de ses vêtements de sortie, elle ne pouvait tenir en place.

Elle le trouvait si bien. Se pouvait-il qu’un tel homme fût méchant ?

Qu’avait donc fait sa tante pour que celui qu’elle aimait l’abandonnât ? Ah ! si elle, Armelle, avait aimé, jamais son fiancé ne se serait détaché d’elle.

Toutes les paroles douces qu’elle aurait trouvées auraient retenu le volage, tous les plus tendres regards l’auraient capturé à jamais.

Ainsi, elle était persuadée que cet étranger était fidèle. Ses yeux ne mentaient pas. Avec sa divination féminine, Armelle savait qu’il l’aimait et un bonheur l’inondait.

Elle revoyait son regard qui lui semblait si profond et son front si noble, si pur qui brillait comme une lumière.

Elle voulait chasser ces mirages tentants. mais, comme une obsession, ils s’emparaient de son être. Elle résistait pour ne pas se laisser bercer par son