Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/103

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son sang se figer dans ses veines. Un battement de cœur violent faillit la faire s’évanouir.

C’était lui…

Lui, qui occupait ses pensées, lui le peintre émérite, dont son oncle faisait tant de cas ! Quelle était cette énigme ? Que devenait Émile Gatolat ?

Elle voulait le revoir et, en même temps, fuir éperdument. Elle se retint pour ne pas dire à son oncle :

« N’avançons plus… »

Mais le destin était ironique et joyeux. Le soleil dansait sur les feuilles. Le parc, plein d’éloquence, murmurait. Les oiseaux volaient, gracieux, affairés.

Armelle continua de marcher vers le vainqueur. Son âme rebelle ne luttait plus. Une joie irradiante la poussait vers l’amour que détenait ce jeune homme, l’homme qu’elle devait haïr et repousser…

Entendant parler, Gontran Solvit tourna la tête et se leva de son siège.

Il vint au-devant des arrivants de son pas élastique.

Son premier regard fut pour Armelle.

Le marquis pensa : « C’est bien ce que j’avais deviné…il est bien mordu… Ces beaux arbres n’étaient qu’un prétexte pour entrer dans la place, mais il ne se doute pas que la forteresse est blindée. »