Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/127

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Déjà la jeune fille reprenait :

— Ce n’est pas le genre d’homme que vous aimeriez, Armelle ?

— Moi ? balbutia Armelle interloquée.

— Mais oui, vous ! répéta Louise en riant.

— Il est inutile de vous donner une opinion, puisque je ne veux pas me marier.

— Non... c’est serieux ?

— Oui. dit Armelle en baissant le front.

Elle prononça ce oui avec angoissa. Il lui semblait qu’elle se séparait d’un monde vivant, d’un monde où tout était clair, riant, et qu’elle renfonçait dans un abîme où elle étouffait

— Bah ! l’avenir changera sans douta vos décisions actuelles, plaisanta Cécile en jetant sa cigarette.

— Nous avons enfumé le salon, remarqua Louise.

— Les fenêtres sont ouvertes, dis Roberte.

— Si on allait prendre l’air au Parc, Armelle, ce serait amusant… Votre jardin est si beau…

Avant même que Cécile eut terminé sa phrase, Armelle répondit vivement :

— Non… non… restons dans celui de l’hôtel… je vous montrerai sa serre…

Elle avait pensé soudain que Cécile reverrait peut-être Gontran et rien que cette idée la torturait cruellement.

Honteuse de ce sentiment, elle voulue tout de suite se reprendre et allait proposer cette promenade pour plaire à ses amies, quand son oncle entra :

— Bonjour mesdemoiselles… je vous présente mes hommages… Oh ! que cela sent bon le tabac ici !… C'est une odeur délicieuse mais ma sœur en fera quand même une maladie… Tu as fumé aussi, Armelle ?