Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/137

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— Jamais je n’oserai dire à mon confesseur que je l’ai supposé marié et gentil pour sa femme…

— Vous le lui exprimerez de votre mieux en relatant les circonstances qui vous ont donné cette idée, soufflée par le diable.

— Bien, ma tante…

Armelle resta un moment sans oser parier, puis, de nouveau, hantée par la multitude de pensées qui éclosaient en elle depuis quelques jours, elle demanda encore :

— Ma tante, est-ce que cela ne serait pas trop indiscret de vous demander pour quelles raisons M. votre fiancé a repris sa parole ?

— Tu oublies les bienséances, mon enfant… A-t-on jamais vu questionner une personne de mon âge et sur un tel sujet ?

— Excusez-moi, ma tante, mais j’ai besoin de savoir beaucoup de choses pour me conduire dans la vie, et à qui voulez-vous que je m’adresse si ce n’est à vous ?

Ce raisonnement parut juste à Mlle de Saint-Armel ainée et elle répondit :

— Je n’ai aucune raison pour dissimuler une réalité que chacun a connue dans son temps… je l’ai révélée d’ailleurs à ce M. Salodit…

M. Solvit, ma tante.

— Si tu veux… ce nom a si peu d’importance…

— C’est un grand artiste…

— Il a essayé de nous en convaincre.

— Non, ma tante, ce sont les critiques qui l’affirment.

— Il me semble que tu défends ce peintre avec bien de la chaleur.

— J’aime la justice…

— Il est vrai que je t’ai façonnée selon ces principes…

— Ce qui me surprend, ma tante,