Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/138

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c’est que vous ayez raconté la rupture de vos fiançailles à un inconnu…

— L’occasion m’y a forcée, hélas ! il a fallu que je souligne à ce jeune fat les méfaits de ses pareils.

— Alors, ma tante, ce qu’un inconnu sait, je puis le savoir… ceci est encore de la justice…

— Ma nièce, je te trouve de plus en plus raisonneuse… Et s’il ne me plaisait pas de te raconter cette histoire affreuse ?

— Je pourrais alors tomber dans la même erreur que vous et vous avez le devoir de m’en préserver.

De stupéfaction, Mlle de Saint-Armel aînée ne trouva rien à répondre. Elle regarda longuement sa petite-nièce et finit par murmurer :

— Tu as peut-être raison… c’est en se tenant étroitement que l’on est fort. À nous deux, nous arriverons à décourager tes prétendants…

— Sache donc, ma petite fille, que mon fiancé avait un horrible défaut…

— Oh !

— Oui… il fumait…

— C’est un défaut ?

— Oui. pour moi… Mon frère ne fumait pas et je n’ai pas été habituée a respirer cette abominable odeur. Mon père prisait. Il avait une tabatière d’or, enrichie de pierres précieuses… Il la tenait d’un aïeul et je n’ai pas besoin de te dire, ma tourterelle, que cette relique avait été le don d’un roi…

— Quel honneur, ma tante…

— Je suis heureuse que tu le comprennes ainsi. Priser, est de bon ton… Les grands seigneurs prisaient et dis y apportaient une grâce à jamais envolée… Tu pressens combien nous devons à ces choses du passé… que nous importe le présent, du moment que