Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/149

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ce que j’ai à vous révéler est du domaine grave…

— Parlez, ma sœur, nul plus que mol ne peut compatir à ce qui vous touche.

— Dois-je sortir, ma tante ?

— Reste ! riposta froidement Mlle de Saint-Armel.

Armelle se rassit docilement.

— Vous avez devant vous, mon frère, une personne qui méconnaît les principes les plus élémentaires de la bonne éducation que doit avoir toute femme bien née… Cette personne, mon frère, a fumé !

— Oh ! ma sœur, vous avez fumé…

— Oh ! mon frère, vous m’insultez ! clama Mlle de Saint-Armel avec éclat.

— Dieu m’en garde, ma sœur ! s’écria vivement le marquis. Je vous prie de m’excuser… vous êtes en face de moi et je croyais ne pouvoir me méprendre. Veuillez me pardonner. Je suis obligée de me rendre à l’évidence. C’est notre bébé d’Armelle qui a fumé. Sans doute a-t-elle pris des pétales de rose séchés et les a-t-elle enfermes dans du papier de soie pour imiter ses ainées modernes.

— Non, mon oncle s’écria Armelle triomphante, c’était une vraie cigarette !

— Vous constatez, mon frère, que l’aveu est aussi spontané qu’insolent.

— Cela m’enchante. Je ne me gênerai donc plus pour allumer ma cigarette, puisque Mlle ma nièce me fera le plaisir de me donner l’exemple.

— C’est insensé ! J’allais réclamer de vous une sanction pour cette petite effrontée et vous prenez son parti ! Bien mieux… vous avez l’air de la prier de vous permettre de fumer en sa compagnie ! Je serai donc seule à sauvegarder les traditions… j’