Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/150

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que vous fumiez, monsieur, que vous aviez perdu la notion de ce qui se fait dans notre monde.

— On prise, mon oncle ! cria Armelle en joie.

Le marquis rit de si bon cœur a cette repartie que sa sœur en fut affreusement scandalisée. Elle se voyait complètement débordes par ces allures nouvelles. Son frère lui paraissait plus moderne encore que sa nièce et elle ne savait plus à qui avoir recours.

Elle gémit :

— Ah ! qu’il m’est pénible de vous découvrir ce défaut !

— Mon Dieu, ma sœur, si je vous l’ai dissimulé c’est que sachant que ce sujet était la cause de votre douleur, je me suis garde de vous en taire souvenir. Je n’ai pas voulu que cette habitude, si vénielle, vous rappelât un passé fâcheux. Vous conviendrez que la délicatesse léguée par nos pères possède encore en moi un représentant digne.

Mlle de Saint-Armel ressentait un écroulement. De marquis s’adressa a sa nièce :

— Pourquoi as-tu fumé, ma tourterelle ?

— Pour savoir si je refuserais un fiancé pour cette faute.

M. de Saint-Armel eut un haut-le-corps tellement il s’attendait peu à cette réplique.

Tout amusé, il contempla sa nièce et murmura :

— Ce ne sont pas les parents qui façonnent les générations, mais l’air du temps où elles vivent.

Il reprit plus haut :

— Tu penses donc au mariage ?

— Beaucoup, mon oncle.

— Ciel ! cria Mlle de Saint-Armel blessée à vif.