Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/153

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« Je ne ferai aucun tort à Armelle, ce qui serait vilain Je tiens beaucoup à sa sympathie, parce qu’elle est bonne… mais du moment qu’elle ne peut épouser cet artiste, autant que ce soit moi. »

Soudain, elle entendit un bruit de voix.

« Papa parle à une autre personne, mais qui ? »

Elle écouta plus attentivement et murmura : « Je reconnais ce timbre… a qui appartient-il ? Mais… je jurerais que c’est celui de Solvit ! Serait-ce possible… quel est ce miracle ? Oui, c’est bien la voix de notre artiste. »

Alors seulement, Cécile se rappela que son père était collectionneur d’objets de choix, aussi rares que beaux. Elle se frappa le front et s’écria :

« Sotte que j’étais ! J’avais le splendide prétexte sous la main et je l’ai négligé. La Providence me seconde, heureusement… donc ma cause est bonne, je serai la femme d’un Prix de Rome et Paris m’appartiendra.

Sur ce, Cécile se poudra, aviva ses lèvres minces, rosit ses joues, bleuit ses paupières et murmura : J’étouffe dans cette ville… que les esprits y sont arriérés !

M. Roudaine, en se promenant, avait rencontré par hasard Gontran Solvit qui admirait une porte médiévale hors la ville. Ce jeune homme, qui s’occupait d’architecture artistique. l’intéressa. Cet habitant de la cité où ses aïeux avaient vécu possédait une bonhomie irrésistible et une aisance familière. Il se considérait comme le père de tous ses concitoyens et il aborda Gontran Solvit avec une assurance toute paternelle :

— Vous admirez là une de nos antiquités, monsieur.