Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle fut réveillée à l’aurore. Des chants d’oiseaux saluèrent cette angoisse matinale et les mille bruits qui annoncent le jour tintèrent à ses oreilles.

Elle se serait levée si elle avait pu se promener dans le jardin, mats l’heure de se rendre à la messe n’était pas sonnée et cette infraction aux règles établies eût pu paraître étrange. Ses pensées lui étaient insupportables et elle ne pouvait se rendormir.

Elle murmura à mi-voix :

— Maman… maman… que m’aurais-tu conseillé ?

L’amour était représenté par sa mère qu’elle aimait si tendrement, et par son père qui savait joindre à tant de simplicité une si grande distinction.

Elle le retrouvait dans son grand-oncle.

Mais, au marquis, elle n’osait rien demander.

Son sourire, parfois ironique, l’effarouchait un peu… tandis que son père, si tendre, se mettait bien à sa portée d’enfant. Armelle n’avait, hélas ! comme souvenirs, que ce temps puéril. Ah ! qu’elle se sentait seule sans ces appuis compréhensifs.

Sa tête bourdonnante ressemblait à un rucher d’où ses idées, comme des abeilles en désordre, s’envolaient aux souffles du vent.

Il allait venir. Un désarroi brisait tout son être. Elle ne causerait nulle peine à Gontran, non…

L’heure coula. Le soleil vint, en criblant la chambre de rayons. Mais rien ne brillait plus dans le cœur d’Armelle.

Elle assista à la messe.

— Tu ne pries pas mon enfant… tu rêves.

— Vous… vous croyez, ma tante ?