Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/169

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— J’en suis sûre. Tu n’as pas tourné une page de ton livre… tu n’as pas suivi la messe.

Armelle essaya de ne plus penser. Elle aurait voulu retenir le temps.

Mais il glissa, inexorable.

— Tu veux sortir, Armelle ? demanda après-midi la bonne demoiselle, inquiète de l’air soucieux de sa nièce.

— Non, ma tante…

— Pourquoi ?

— Je voudrais finir ces ourlets.

— C’est une bonne pensée. Nous allons nous installer dans mon petit salon.

— On serait peut-être mieux dans le grand… il y aurait plus d’air…

— Non… mon enfant… s’il venait quelqu’un, ce serait peu élégant de nous voir en train de coudre comme des lingères.

— Qui viendrait ?

M. de Roquinel, peut-être… ce bon camarade de ton oncle.

Armelle prit une chaise basse et commença son ourlet. L’aiguille ne tenait pas dans ses doigts.

M. de Saint-Armel n’avait pas prévenu sa sœur de la visite attendue et Armelle tremblait d’émoi. Par moments, elle secouait son angoisse et se disait :

« C’est pourtant naturel que ce monsieur vienne ici, puisque mon oncle l’en a prié… Pourquoi suis-je torturée à ce point ? M. de Roquinel nous rendrait visite que je n’en serais point émue, pas plus que si M. le chanoine se présentait. Qu’ai-je donc ? qu’ai-je donc ? que veut dire tout ceci ?… je ne me reconnais plus.

Un coup de timbre résonna.