Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/173

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de présomption ! Il y a cent ans, mon aïeul aurait fait fouetter un audacieux pareil ! »

Elle marcha rapidement vers une galerie remplie de portraits et, s’arrêtant devant le premier en tête, elle dît avec emphase :

— Voici le duc de Rollicourt, comte de Saint-Armel, notre ancêtre, fait duc par saint Louis, oui, monsieur.

Gontran Solvit paraissait ému… Était-ce cette rangée imposante de visages aux fronts guerriers ou le ton de cette orgueilleuse personne ?

Peut-être pensait-il aussi qu’Armelle ne serait jamais pour lui ?

— Vous êtes convaincu maintenant, monsieur, que c’est un honneur, n’est-ce pas, d’être admis à franchir le seuil de notre maison ?

— Mademoiselle, répartit simplement Gontran, vous ne sauriez croire combien j’ai le désir de posséder ce portrait.

Si Mlle de Saint-Armel avait adouci ses traits en entendant la première partie de cette phrase, elle fut terrassée par une telle révolte en en percevant le dernier membre, qu’elle resta la parole figée.

M. de Saint-Armel dit doucement :

— Emportez-le, cher monsieur, s’il peut vous être agréable.

Mlle de Saint-Armel se retourna fougueusement vers son frère et rugît :

— Êtes-vous fou ? Quelle est cette affreuse plaisanterie ? Est-ce que mes oreilles ne me trompent point ?

Le marquis riait.

Gontran, gagné par ce rire allègre et amusé par ce courroux extraordinaire, retenait à grand’peine le rire qui montait de sa gorge.

— Donner notre duc !… criait Mlle