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poursuivre l’affaire, n’est-ce pas, Armelle ?

— Oui, ma tante, répondit la jeune fille d’une voix blanche.

En même temps, elle jetait un appel désespéré vers son oncle.

Ce dernier sourit en mettant un doigt sur ses lèvres et Armelle fut toute réconfortée.


IX


Pendant quelques jours, le bonheur fut dans le vieil hôtel. Armelle ne se demandait plus quelle serait la suite de cet étrange marché.

Elle oubliait tout. Elle découvrait chez Gontran des qualités, des compréhensions, des délicatesses qui l’émerveillaient et elle s’attachait de plus en plus à ce caractère aimable.

Elle jouissait de la douceur inattendue d’être aimée.

Une allégresse la rendait légère. Elle appréciait mieux la vie avec cette clarté qui venait de naître en elle. Sa nature avait triomphé de la crainte. Son cœur obscur, imprécis, se révélait impétueux et aimant.

Cependant, très sensible, incapable, par convenance, d’exprimer les sensations de son âme, les intimes subtilités de sa tendresse, elle restait parfois muette devant l’aimé.

— Qu’avez-vous, ma chérie ?

— Je suis heureuse, répondait-elle d’une voix oppressée. Il me semble que personne n’a été aussi heureux avant moi.

— Que vous m’êtes chère… vos jolis sentiments m’émeuvent.

Des phrases de ce genre étaient murmurées dans les courts instants durant lesquels Armelle et Gontran pouvaient parler sans témoins.