Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/192

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Quand Mlle de Saint-Armel pouvait les entendre, les deux fiancés changeaient d’attitude et redevenaient des mondains.

Gontran Solvit s’étonnait qu’on ne lui demandât pas des renseignements sur sa famille. Il ne les fournissait pas, attendant qu’on le questionnât.

Mlle de Saint-Armel paraissait ne plus se souvenir de ces détails. Quant au marquis, son indifférence surprenait le jeune homme. Il se disait parfois qu’on enquêtait sur lui sans qu’il le sût.

— As-tu déjà lancé quelques vérités sur les hommes à M. Gontran Solvit, Armelle ?

La jeune fille tressaillit, secouée par une émotion violente. Il fallait payer la dette promise à sa tante.

Elle répondit en balbutiant :

— Je n’en ai pas encore trouvé l’occasion. tante… C’est assez compliqué parce que M. Solvit se montre si aimable que je ne puis rien lui reprocher. Ah ! s’il commettait le moindre impair, la plus petite infraction, j’aurais une place vulnérable pour le frapper…

— Ta ta ta !… ma toute belle… tu ne vas pas faire croire à ce présomptueux roturier que tu es créée pour lui. D’ailleurs. Je ne veux pas que tu paraisse réellement fiancée, pas plus devant les domestiques que devant les fournisseurs… J’ai dit aux premiers que ce peintre copiait quelques-uns de nos tableaux et qu’il étudiait ton visage avant de commencer ton portrait. Tout cela, ma nièce, afin que l’office ne commente pas les regards qu’il appuie un peu trop sur toi, à mon gré…

Devant cette mise en demeure, la