Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/197

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êtes impardonnable. Non contente d’avoir été malheureuse, vous voulez faire encore deux désespérés ! D’ailleurs, ces fiançailles ne sont pas encore rompues.

— Quel emportement, mon frère ! puis, il n’y a pas eu de bague… je frémis à la pensée que j’aurais pu voir cette bague ! de quelle valeur eût-elle été !

— Ce Gontran me plaisait, interrompit le marquis. Pourvu qu’il veuille accepter mes excuses et la main d’Armelle.

— Comment ! encore des excuses ! vous allez le relancer ?

— Naturellement.

Il semblait à Armelle que la vie reprenait dans ses veines. Elle écoutait son oncle avec ravissement.

Mlle de Saint-Armel jetait sur son frère des yeux fulgurants, mais il n’y prenait pas garde. Il se retira dans ses appartements.

Armelle ne sut pas comment elle avait vécu ce soir-là. Elle était dans un état de somnambulisme. Elle allait et venait sans savoir ce qu’elle faisait et ne pensait qu’à deux choses : son amour brisé et la peine causée à Gontran…

Elle se demanda comment il pourrait revenir, même sur la prière du marquis.

Elle ne dormit pas. Elle se leva, blanche comme une madone, accomplissant les rites de sa toilette en une sorte de rêve.

L’après-midi, elle eut des visites. On lui annonça Mlles Roudaine. Célert et Darleul.

Elle en éprouva un soulagement, songeant qu’ainsi elle ne resterait pas seule avec ses pensées.

Elles entrèrent avec des allures