Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/24

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ne voyait rien et brossait machinalement la robe rouge d’un personnage de Michel-Ange.

— Au revoir, monsieur !

Il tressaillit. Prestement, il se leva pour saluer.

Gentiment, comme des écolières bien élevées, les trois jeunes filles lui tendirent la main en lui renouvelant leurs remerciements.

Souriantes, elles disparurent.

Quand elles furent dans la rue déserte. Louise Darleul proposa :

— Montez à la maison. Nous prendrons une tasse de thé pour échanger nos impressions.

— Si on peut en avoir ! dit Roberte.

— Quel rustre ! murmura Cécile.

— Gardons notre sang-froid. Dans ma chambre, nous nous communiquerons nos découvertes… maman est chez Mme Célert.. nous avons tout le temps de l’y rejoindre.

Autour de cette table à thé, le peintre mystérieux fut jugé sévèrement.

— Il travaille pour le compte d’un autre ! affirma Louise. C’est un modeste employé qui a quelques dispositions pour la peinture. Vous n’ignorez pas que les grands hommes dénichent toujours un disciple qui les double.

— C’est vrai j’ai entendu ces choses par mon père approuva posément Cécile.

— Je ne savais pas cela ! murmura Roberte.

— Je ne crois pas que ce soit un homme du monde, reprit Louise.

— Pourtant… commença Cécile.

— Il a de fort bonnes manières, acheva Roberte.

Il y eut un silence.

Puis. Louise décréta :

— Moi, je n’irai pas au musée demain.