Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/37

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milles, l’honorabilité et la fortune étaient de tout premier ordre.

Pourtant, elle hésita. Elle pria, elle attendit, elle guetta sur le visage d’Armelle, la moindre trace d’ennui. Mais il lui semblait qu’elle n’y découvrait plus rien et elle se tranquillisait, remettant au dernier moment le sacrifice qu’elle devrait consentir pour envoyer une invitation aux trois jeunes filles.

Ce jour-là, Armelle alla au parc avec sa tante et Agal. Elle s’amusa de tout ; elle découvrit des plantes nouvelles et elle se promit de couper une belle gerbe de fleurs.

Le beau jardin présentait un cadre captivant de lumière et de paix. Armelle aurait voulu y séjourner pour jouir des couchers de soleil féeriques qui invitaient à la poésie du rêve. Mais il fallait s’arracher de cette oasis délicieuse et regagner dans la voiture antique l’hôtel ancestral d’où une poésie plus sévère se dégageait.

Armelle eut soudain une fantaisie. Elle n'avait jamais ouvert cette petite porte, qui, comme une encoche dans le mur, excitait la curiosité parce qu’elle en rompait la monotonie.

De ses mains blanches, elle fit glisser le gros verrou.

D’abord, elle n’aperçut que le chemin, puis le scintillement de clarté qui l’éblouit après l’ombre des marronniers sous lesquels elle se trouvait.

Puis Agal s’élança et Armelle entrevit, avec une confusion extrême, un jeune homme qui venait vers elle. D’un coup d’œil plus rapide que l’éclair, elle remarqua sa silhouette élégante et son visage grave.