Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/53

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pliqué : « Oui, c’est cela ! {M.}} l’Inconnu », aurait dû vous mettre sur la voie. C’était avouer qu’il était archi-connu… et cela le divertissait fort de jouer au modeste !

— Qui est-ce… qui est-ce donc ? crièrent trois voix impatientes.

— É-mi-le Ga-to-lat.

— Émile Gatolat, le grand cinéaste ?

— Lui-même.

— Oh !

L’émotion qui étreignait les jeunes filles les rendit silencieuses.

— Il est bien mieux que sur les photos des journaux ! dit Louise.

— Je ne m’attendais pas du tout à cela ! ajouta Roberte.

Cécile ne disait rien, mais elle était devenue très pâle. Une flamme brillait dans ses yeux. Le cinéma ! Quel rêve de devenir star ! Parce que star était beaucoup mieux qu’étoile. Ce mot avait traversé la mer et sonnait haut.

— Vous comprenez, mes petites, reprit Jacques, en faisant l’important, que notre grand Émile Gatolat tient à conserver l’incognito. Si on savait qu’on peut le voir sans payer, toutes les belles demoiselles de la ville n’auraient de cesse qu’il ne leur promette un rôle dans un de ses films. Puis il y aurait des autographes 1!Il serait assailli. Il a de bonnes qualités de barbouilleur, à ce que j’ai pu juger, et sans doute les met-il à profit pour un scénario. C’est aussi peut-être son violon d’Ingres. Alors, vous n’aviez rien deviné, mes pauvres colombes ?

— Ma foi non, avoua Louise, mais, depuis que tu l’as reconnu, je me souviens de ses traits.

— Il a laissé un peu grandir sa moustache, c’est tout ! ajouta Jacques.

— Il fait joliment bien de cacher son